Mal nommer
un objet, c'est ajouter

au malheur de ce monde.

Albert Camus.


jeudi 22 septembre 2011

Le déficit terrien

Résultat entre autres de ce que nous avons décrit dans notre billet Vers l'implosion Ponzi du 2 juillet 2010, la dette publique est donc intervenue dans nos vies pour ne plus en sortir. Un semblable phénomène d'endettement, tout aussi galopant, est en train de se construire sous nos yeux. Nous ne le voyons pas, celui-là, mais nous le connaissons intuitivement tout aussi bien.

Ce samedi 27 septembre, nous aurons consommé en moins de dix mois ce que la Terre met un an à produire. Ainsi, nous brûlerons plus d'arbres qu'il en poussera, nous pêcherons plus de poissons qu'il ne s'en sera reproduit, stérilisé plus de terres qu'il s'en sera fertilisé, pollué plus d'eau etc. C'est ce que le groupe des observateurs et donneurs d'alertes Global Footprint Network (lien général du site où on trouvera toutes précisions méthodologiques et observations détaillées en anglais basique) appellent le Earth Overshoot Day, le «Jour du Dépassement». En 2000, il se situait début novembre et recule de trois jours environ chaque année. En résumé, il s'agit de faire connaître sous une forme parlante et imagée le rapport entre la capacité de production en ressources et de régénération de la Terre (biocapacité) et la consommation humaine et ses rejets, (empreinte écologique par tête calculée en hectares globaux) en le rapportant à 365 jours.

À partir de dimanche prochain donc, le budget écologique alloué aux terriens sera dépassé, et l'humanité entière vivra proprement à crédit, réduisant inexorablement les réserves de la Terre en tous domaines. Une lecture attentive des documents serait plus alarmante encore. Le «Jour du Dépassement» pourrait même en avance d'un mois supplémentaire s'il s'avérait que la Terre se régénère moins rapidement que nous ne l'avons cru jusqu'ici.

Le diagramme ci-dessus compare l'empreinte écologique en vert et la biocapacité de la France depuis 1961 en rouge. La biocapacité varie chaque année en fonction des pratiques agricoles, des techniques fertilisation et d'irrigations, de la dégradation de l'écosystème et des variables météorologiques, à ne pas confondre avec le changement climatique. On peut toujours polémiquer évidemment sur tel ou tel aspect de la démarche, lui trouver un caractère volontairement frappant ou provocateur, et corriger ici ou là d'un jour, d'une semaine ou d'un mois. Ces calculs, et cette alerte, ont le mérite d'exister depuis longtemps et permettent d'établir de façon indubitable des tendances.